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Jean-Jacques Lefranc, Marquis de Pompignan

Connaissez-vous le Marquis de Pompignan? Poète, dramaturge et académicien français, père présumé de la femme de lettres montalbanaise et pionnière du féminisme Olympe de Gouges, Jean-Jacques Lefranc (1709-1784) fut le seigneur de notre petit village et l'édificateur du château qui trône au centre de celui-ci. Vilipendé par Voltaire et aujourd'hui bien oublié des mémoires et des manuels de litterature, il fut cependant en son temps une des gloires du théâtre et de la poésie française.

Né le 10 août 1709 à Montauban au 10 rue Armand Cambon (Hôtel Lefranc de Pompignan), il est le fils de Jacques Lefranc, Premier président à la Cour des Aides de Montauban, et de Melle de Caulet, fille d'un Président à mortier au Parlement de Toulouse.

Il effectue ses études à Toulouse puis à Paris au collège Louis le Grand.

En 1730, il devient avocat général à la Cour des Aides de Montauban.

Il commence sa carrière littéraire dans les années 1730. En 1734, il fait jouer à la Comédie Française sa première tragédie, Didon, suivie en 1735 par Zoraïde.

Son succès naissant suscite l'animosité de Voltaire qui accuse Lefranc d'avoir plagié sa Didon sur celle de l'italien Métastase. S'ensuivra une longue série d'épigrammes et de satires dont notre poète fera les frais. Didon connaîtra cependant à l'époque un succès certain puisqu'elle se maintiendra sur les planches jusqu'au Premier Empire et acquerra une renommée au-delà des frontières. A titre d'exemple, en 1782, elle sera adaptée en suédois pour la cour de Gustave III pour l'opéra Aeneas in Carthago (livret de Johann Henric Kellgren, musique de Joseph Martin Kraus).

En 1736, il fait jouer sa comédie satirique Les Adieux de Mars et en 1737, il écrit le livret d'un opéra ballet, Le Triomphe de l'Harmonie, joué la même année à l'Académie royale de musique (avec une musique de François-Lupien Grenet).

En juillet 1744, il fonde l'Académie de Montauban.

En 1745, il succède à son père en tant que premier président de la Cour des Aides de Montauban.

En 1750, il écrit le livret de la tragédie lyrique Léandre et Héro (musique de Galard de Béarn, marquis de Brassac).

Par la suite, il se plonge dans la traduction versifiée des textes bibliques qui composeront le recueil des Poésies sacrées. A la parution de ce dernier, Voltaire ne se privera pas de décocher ce quatrain resté fameux :

Savez-vous pourquoi Jérémie
A tant pleuré durant sa vie ?
C'est qu'en prophète il prédisait
Qu'un jour Lefranc le traduirait.

En 1759, il devient membre de l'Académie française au fauteuil de Maupertuis. Le 10 mars 1760, il prononce son discours de réception où il attaque les philosophes et les Encyclopédistes, ce qui provoque la rancoeur de ces derniers.

En 1762, il se retire dans le sud-ouest où il voyage entre ses châteaux de Pompignan et de Caïx (dans le Lot). La même année, le roi Louis XV transforme son fief de Pompignan en marquisat.

Il profite de son séjour méridional pour rebâtir le château et l'église (qui se trouvait alors dans l'enceinte du château).

Il poursuit son oeuvre littéraire avec la traduction en vers des tragédies d'Eschyle et des Géorgiques de Virgile notamment.

Il meurt le 1er novembre 1784 à Pompignan. Il est inhumé dans l'église du château. Son corps sera par la suite transféré dans la nouvelle église où une plaque commémore encore la mémoire de l'auteur de Didon.

Concluons cette notice biographique, en laissant la parole au poète qui rendit ainsi hommage à sa terre de Pompignan:

O lieux que la Garonne enrichit de son onde,
Où le ciel est si pur, la terre si féconde,
Séjour d'où j'ai banni, du moins par mes travaux,
L'affreuse pauvreté, cause de tant de maux;
Et toi, qui m'est si cher, vieux berceau de mes pères,
Château qu'ils ont construit sur des bords solitaires,
Fleuve, bois et rochers, vignobles précieux,
Serez-vous donc toujours éloignés de nos yeux?

Epître Dixième "Sur la retraite"